dimanche 28 août 2011

Les trois blaireaux

C’est notre dernier jour en Mongolie. Le Jo est malade dû à une indigestion de grenouille (schläke) et il a vomit durant toute la nuit. Au matin, la Sand ne se sent pas bien non plus et ces derniers passent la majeure partie de la journée au lit. Le soir venu, Aimée nous prépare un dernier repas mongol et on attend Bata qui va nous conduire à la gare pour 21h. Il est 20h et on refait le monde posé sur les lits. Le Guims demande à la Sand de contrôler si on a les billets. Elle constate que l’heure du départ du train est à 20h et qu’on devrait être dedans.C’estlà que tout s’enchaine.Aimée avertit Bata qui revient très rapidement. Dans la panique, on ferme les sacs en ne sachant pas si on a toutes les affaires. On dit au-revoir à Aimée et aux enfants de manière précipitée. On saute dans la voiture de Bata et son mariqui veulent bien nous conduire à une seconde gare toute proche. En route, on se traite de tous les noms et on ne sait pas comment c’est possible d’avoir loupé le train aussi bêtement. On avait toute la journée pour y penser et aucun de nous trois a contrôlé l’heure sur ces fichus billets. 
 
En route, Bata fait quelques téléphones et nous avertit que le train est déjà loin. Cela nous fait chier mais on ne peut en vouloir qu’à nous-même. Tant pis, on retourne direction la maison de Khishgeependant que Bata continue de faire des téléphones. Arrivés devant l’immeuble, Bata donne le téléphone au Guims. Là, une dame lui explique qu’il est possible de rattraper le train, à une gare qui se trouve à 3h en voiture, mais il ne faut pas tarder. Bata et son mari sont d’accord et on prend cette option.

Dans la voiture, on ressasse cette journée en se demandant encore une fois comment on a pu être aussi con. On se demande si c’est réellement possible de rattraper le train et on réfléchit à un plan B si on le loupe (dormir sur place à la gare, prendre un train le lendemain…).

Après avoir passé les bouchons dans OulanBator, on tombe dans un énorme orage. La pluie et le vent nous empêchent d’avancer rapidement et on roule à environ 15km/h. Une fois l’orage passé, notre chauffeur à tendance à rouler fort, ce qui inquiète le Guims dû à la quantité d’eau sur la route. Le Jo est tout blanc, se cramponne au siège de devant et ne dit aucun mot. La seule phrase qu’il sortira est « si on sort de la route, on est tous mort ». Le Guims le rassure en lui répondant : « si on sort de la route, au moins il n’y a pas d’arbres ! ».  La Sand, elle, fatiguée, ne se rend pas compte du danger. 

Notre vitesse est entre 120 et 140km/h et on surnomme notre chauffeur Schumacher. Tout à coup, on aperçoit le train qui est sur notre droite. On est euphorique et excité de savoir qu’on prend de l’avance sur ce dernier. On le devance de peu etpfffff…..un pneu éclate. On se dit tous que ce n’est pas de chance. On sort de la voiture et le train repasse devant nous. On n’y croit plus mais sous l’impulsion de Schumacher, on se met à l’œuvre.Le Jo et Schumacher enlève le pneu pendant que le Guims regonfle la roue de secours. En huit minutes chrono, le pneu est changé et on repart. La course folle continue.

Durant cette course poursuite, Schumacher évite une belette de justesse et comme il maîtrise sa voiture, on évite de peu la sortie de route. A ce moment-là, on a vu défiler notre vie devant nous ! 

Le Jo cherche du regard le train mais sans succès. Là, on pense que c’est foutu. Soudain, le Jo crie : «  il est là ! » et on n’y croit pas mais il est bien là sous nos yeux. On rattrape le train une nouvelle fois et après plusieurs km on se dit : « facile, c’est gagné ! ». Schumacher, lui, continue de foncer.Soudain, on aperçoit deux énormes trous sur la route qu’il évite brillamment. Le Guims, heureux de ce coup de maître, lui dit : « let’s go Schumacher » et au même moment, on voit un trou sur toute la largeur de la route. Il freine et on ne peut éviter le choc. Là, c’est sûre, un voir deux pneus sont probablement crevés. On s’arrête, on constate les dégâts et on se dit que c’est fini. Le pneu avant est percé et la gente est enfoncée. Par chance, les autres pneus sont en ordre. Schumacher essaie de redresser la gente en tapant dessus avec un grand pied de biche mais rien n’y fait. Pendant ce temps, Bata arrête des voitures pour leur demander de l’aide. C’est là, que le train nous dépasse pour la deuxième fois et là, plus aucun espoir. Tout-à-coup, des personnes sympathiques s’arrêtent et décident de nous prêter  leur petite roue de secours. Le temps de faire le changement de roue, on repart en sachant qu’on est plus qu’à 16 km de la ville.

Bata et Schumacher sont persuadés qu’on aura le train. On roule avec une roue de secours trop petite, voilée et à 130km/h. Le Jo est complètement apeuré et on ne comprend pas pourquoi. C’est là, qu’il nous dit qu’il manque deux boulons où il y a la roue de secours et que la vitesse en Europe, avec une telle roue, est limitée à 80km/h. Le Guimsest également inquiet et fait une prière pour qu’on arrive tous entier à la gare. La Sand, elle, ne se rend toujours pas compte du danger et nous dit d’arrêter de flipper. 

On arrive vers une station d’essence, proche de la ville et on s’arrête. Là, on ne sait pas quelle route prendre pour entrer dans la ville.C’est la première fois qu’on sent un découragement de la part de Bata et Schumacher. Sur ce trajet, on n’a pas aperçu le train et on ne sait pas quelle heure il est  exactement. La chance est avec nous ! La personne qui nous a prêté la roue de secours appelle Bata et nous guide jusqu’à la gare. Sous nos yeux, se trouve le train et on a de la peine à y croire. On sort en trombe de la voiture avec nos sacs à dos. On court vers le train, pendant que Bata crie on ne sait quoi pour que le train reste en gare. Le Guims fait peur à la contrôleuse en tapant fortement contre la porte d’un wagon qui vient de se fermer. On lui montre les billets et elle nous indique qu’on doit entrer trois wagons plus loin. On court jusqu’au bon wagon et on dit au revoir à Bata et Schumacher en les remerciant infiniment et avec beaucoup d’émotions. On monte dans le train en ayant de la peine à imaginer qu’on ait dedans. On est heureux, fatigué, encore stressé et on quitte la Mongolie avec beaucoup de nostalgie. 

Khishgee, grâce à ton aide, à ton accueil et à ta générosité, tu nous as fait découvrir la Mongolie comme on ne l’aurait pas pu l’imaginer. On a vécu des moments merveilleux qui n’auraient pu être si nos chemins ne s’étaient pas croisés. On te remercie de tout cœur pour cela ainsi que ta famille dont Bogna, son copain ainsi qu’Ilmo, Bata et son mari ainsi que les trois reptiles, Aimée et sa grande gentillesse, Zaila et Zemtleng et bien sûre Gana. Chez toi on s’est senti comme à la maison et on ne va pas oublier de sitôt notre maison d’Asie. On souhaite te revoirchez nous et en attendant, bonne continuation avec ta guesthouse.

Pékin, nous revoilà







A peine la frontière traversée, on découvre les sleepings bus qui nous emmène d’Erlian à Pékin. On voulait faire le trajet OulanBator –Pékin avec le transsibérien mais il n’y avait plus de place. Ce sont des lits à deux étages sur trois couloirs. Les lits sont étroits mais on passe une très bonne nuit et le trajet est plus court qu’avec le transsibérien. A 5h00 du matin, on est dans un quartier retiré de Pékin où le bus s’est arrêté. On se repère assez facilement et on se dirige vers notre guesthouse préférée. 

On fait visiter cette grande ville au Jo et on l’emmène dans de bons petits restaurants. On est rassuré lorsque le Jo nous dit qu’après ces trois jours à Pékin, il en a marre de cette grande ville et que les steppes de Mongolie lui manquent.

On ne peut se rendre en Chine sans aller voir la plus belle ! La Grande Muraille de Chine est somptueuse. Elle se marie parfaitement avec le paysage et on a le sentiment qu’elle a toujours été là. Marcher de tourelles en tourellessous une chaleur tropicale n’a pas été chose facile. En plus de cela, les pentes sont très raides et impressionnantes. Notre marche sur celle-ci est bien difficile mais ce n’est rien comparé aux personnes qui ont dû la construire. On ne peut être qu’en admiration devant une telle œuvre.

Petit paragraphe concernant l’énervement du Guims avant de se rendre sur la plus belle ! Devant nous, se dresse la Grande Muraille et on souhaite y monter à pied. La guide nous mentionne deux chemins. Un premier qu’elle nous déconseille car on perdrait trop de temps avant de l’atteindre. Le deuxième est de monter en téléphérique mais on trouve cela cher. Le Guims aperçoit sur un panneau d’information un plan montrant trois chemins. Il lui demande si on peut prendre le troisième qui a l’air assez rapide. Elle nous dit que ce chemin est fermé et que si on veut monter à pieds, on aura trop peu de temps sur la Muraille. Elle ne nous laisse pas le choix et à contre cœur, on prend le téléphérique.Seulement voilà, trente minutes après, on retrouvera notre guide dans une tourelle où le soit disant chemin fermé aboutit. Le Guims est furieux car depuis ce point de vue, on voit d’autres personnes montées à pied. On constate malheureusement qu’une partie de ce peuple trichent et n’hésitent pas à mentir,même entre eux, dès le moment où l’argent entre en jeu. Ce qui est triste à nos yeux c’est que ces comportements font partie de leur culture et pour eux agir comme cela c’est normal.

Après avoir accompagné le Jo à l’aéroport, on repart avec nostalgie direction la guesthouse. On n’a pas envie de louper notre train donc on part en avance direction la gare du Nord. On arrive à celle-ci  mais le surveillant ne veut pas nous laisser entrer. Il nous montre nos tickets et…ce n’est pas la bonne gare. On ne comprend pas tout de suite car on a acheté les billets à cette gare. Là, on regarde mieux les tickets et on se rend compte qu’il y a noté gare Sud. On regarde notre montre et on a 45 min pour s’y rendre. On court direction le métro et comme on ne sait pas où se trouve cette gare, on demande à plusieurs personnes. Très rapidement, une personne nous indique le numéro de la ligne et par chance, cette dernière est juste sous nos pieds. Après un peu de panique, on y arrivera de justesse.

On a de la peine à réaliser que nous sommes dans un train tellement ce dernier est moderne. Il ya beaucoup de place pour être à l’aise et il file à 320 km/h. Il nous faudra seulement cinq heures pour arriver à Shanghai.

Pour le Jo, un grand merci pour ce mois passé en ta compagnie. On a découvert que tu es une personne sensible et que tu as une grande ouverture d’esprit. Même dans les difficultés tu as toujours su reprendre le dessus et continuer à avancer. On a passé de bons moments en ta compagnie et à bientôt pour un futur trekk.

Jetset française








De retour à la capitale, on décide d’aller manger une crêpe pour varier notre nourriture. Là, on fait la connaissance de Yannick, patron du restaurant et breton d’origine. Il est installé en Mongolie depuis plusieurs années et il vient d’ouvrir ce restaurant. On lui parle de notre manière de voyager et il est fasciné. Il nous dit qu’il a un chalet à une heure d’Oulan Bator et que si on le désire on peut aller se promener dans cette région car c’est très joli. Comme ils nous restent du temps devant nous, on accepte sa proposition. Il nous montre sur la carte où se trouve son chalet. Il nous met à disposition la yourte qui se trouve juste à côté pour qu’on puisse y dormir. Il avertit également son gardien de notre arrivée. Le lendemain, on part tout motivé pour deux jours de marche qu’on imagine tranquille. Sur nous, on porte peu de nourriture car le lendemain de notre arrivée, Yannick viendra avec ses copains faire un brunch au chalet. 

On part en fin de journée avec notre taxi attitré au point de départ. On commence à marcher et après quelques km on essaie de se repérer sur la carte. Normalement, on devrait pouvoir couper à travers les collines, selon Yannick, mais on constate que c’est impossible à cause de la forêt. On demande notre chemin à une personne qui nous dit qu’on doit aller jusqu’au bout de la vallée. Le Jo est fatigué, il n’a pas la tête à marcher. Le Guims essaye de le motiver alors que la Sand galope puisqu’elle n’a pas de sac à dos.
 
Les moments forts sont : 

-Après cinq heures de marche, alors qu’on devrait déjà être arrivé, on n’aperçoit toujours pas le chalet. On est les trois fatigué et on n’a qu’une envie c’est d’y arriver. On continue et heureusement pour nous on tombe sur un petit hameau. On essaye de se renseigner mais sans succès. La tombée de la nuit est proche et on a besoin d’arrivée au chalet car on n’a pas les tentes. Un kilomètre plus loin, on a la chance de tomber sur des enfants qui parlent anglais et qui nous disent que le chalet est plus bas, à environ six km. Grâce à eux, on évite de se faire mordre par des chiens qu’ils chassent à coups de pierres. La nuit est tombée, on ne voit plus grand-chose et la frontale devient nécessaire. La Sand commence d’avoir peur de marcher dans la nuit, le Jo est claqué mais le Guims est tellement fâché qu’il pourrait rentrer à pied à Oulan-Bator. Après discussion, on décide de s’arrêter à la prochaine yourte venue. C’est un petit camp touristique où on passera la nuit. Le Guims et le Jo sont tellement énervés de ne pas avoir trouvé ce foutu chalet, de rage ils frappent le sol avec leurs bâtons de marche. On suppose que Yannick s’est trompé d’endroit sur la carte. Le lendemain, grâce au propriétaire du camp et quelques coups de téléphones, on arrive enfin au chalet en voiture. 

-Le brunch est délicieux. Le Guims et la Sand mange de tendres morceaux de bœufs grillés à s’en faire péter la pense. Tout cela est accompagné de salades vertes, de tomates, de concombres, de carottes, choux rouges avec une succulente sauce française préparé par Yannick.  A l’apéro, on goute des omelettes de vaise de loups de la taille d’un ballon de foot.  Après 4 mois de voyage sans cela, c’est un réel bonheur.
 
-Le chalet se situe en haut d’une petite vallée où le pâturage est rempli d’edelweiss. Au début, on fait attention de ne pas les écraser car pour nous, petite suisse, ce sont des fleurs qui sont rares. Puis, après 5 minutes, on en écrase une, puis, deux, puis trois, puis on termine par faire nos besoins sur elles. On est surpris de voir autant d’eldelweiss et on découvre que la Mongolie a une flore grandiose.    

-Le gardien du chalet à des chevaux et on profite de faire une balade. Le Guims et la Sand sont un peu déçus car les chevaux ont de la peine à avancer. A chaque pas, on essaye de les faire partir au galop mais ce n’est pas gagné. On a eu un bon fou-rire lorsque le Jo se ramasse une branche de sapin en plein galop. Aie, ça fait mal mais ça passe. Pour le Jo c’est ces tous premiers galops et c’est un pur moment d'éclate.  

- On passe un agréable après-midi en compagnie de personnes très différentes. Il y a les joueurs de cartes, le cueilleur de champignons et d’herbe sauvage, le pêcheur compulsif (30 ombres et 3 kg de champignons pour 10 personnes), les deux artistes baroques, le « putainger » qui ne peut sortir une phrase sans le mot putain, l’homme qui disait mais « qu’est-ce qu’on est bien ici en Mongolie ?» et bien d’autres personnages.    

Encore merci à Yannick de nous avoir invité alors qu’il nous a rencontré qu’une seule fois.





Trek au Lac Khovsgol avec le Jo



















Ce matin, 6h00, on prend le taxi direction l’aéroport pour aller attendre le Jo, un petit suisse, qui vient passer un mois en Mongolie en notre compagnie. Après une heure d’attente dans le hall, le Guims aperçoit ce dernier en train de remplir un formulaire car son bagage n’est pas arrivé. Une fois les formalités faites, on l’accueille avec émotions. Les premiers jours sont une découverte pour lui car c’est la première fois qu’il sort de l’Europe. On est content de lui faire découvrir les lieux où on a vécu durant ces deux derniers mois. 

 Les moments forts sont :
-          Ah, une bonne fondue ! Après être allé récupérer son bagage un jour après son arrivée, on constate que la fondue et le chocolat suisse sont toujours dans son sac ainsi que d’autres surprises. Pour l’apéro, on déguste les délicieux biscuits de la Marie-Jo et la Sand découvre un petit mot de son neveu, Nohà, et elle s’effondre en larmes. En plus de cela, le matos tant attendu est enfin arrivé. Une nouvelle Katadyn et un ordinateur portable soigneusement préparé par Momo (encore un grand merci pour ton aide) ainsi qu’un petit ravitaillement en médicaments. En compagnie d’Aimé et d’Houslique, on mange cette merveilleuse fondue cuite sur notre réchaud à gaz. Cerise sur le gâteau, le coup du milieu avec une petite prune bien de chez nous. Quel moment magique pour nos papilles gustatives.  
 
-         Avec l’aide de notre chauffeur de taxi attitré, on va chercher des billets de bus pour Moron. Dès le lendemain, départ en bus public qui est rempli à la mongole. En gros, pour une question de sécurité, le bus part de la place officielle avec le bon nombre de personnes. Deux cent mètres plus loin, il s’arrête pour compléter chaque endroit vide où l’on peut mettre une personne. Une touriste qui a une place numérotée ne veut pas aller à sa place car elle estime qu’elle est mal placée. Elle s’attribue alors un autre siège et peu de temps après une maman portant son enfant veut s’assoir à la place qui lui est attribuée. Le chauffeur et d’autres personnes mongoles lui demande d’aller à sa place prévue mais cette dernière fait la sourde oreille. La maman se retrouve debout, son enfant dans les bras, au milieu du corridor. C’est alors que le Guims, ayant vu la scène et trouvant cela inadmissible, demande en anglais à la touriste de bien vouloir aller à sa place. Cette dernière s’exécute. Le Guims est fier de lui car ce n’est pas dans son habitude de réagir et une personne mongole le remercie. Durant ce séjour, on observera d’autres comportements de touristes qui ne s’adaptent pas du tout aux règles de vie du pays. On n’est pas étonné qu’après les touristes soient mal vu à cause de leurs comportements. Après 18 heures de bus, trois arrêts pipis, un repas et une courte nuit on arrive à Moron.  
 
-         A peine descendu du bus public, on monte dans un petit bus privé pour se rendre à Ratral au bord du lac Khovsgol. Avant d’attaquer notre trekk, on mange une assiette de goulache et là, stupeur. Où est l’appareil photo ? On se regarde les trois mal à l’aise et on émet l’hypothèse qu’il est resté dans le bus. Aucun de nous à vérifier qu’on ait toutes nos affaires. Le Guims stressé sort en courant du restaurant pour savoir si le chauffeur est encore là mais sans succès. Il demande alors aux marchandes du coin si elles ont vu le chauffeur et si elles le connaissent. Une des marchandes lui téléphone et l’appareil photo est bien dans son bus. On récupère l’appareil photo une heure après, tous soulagés. Durant ce temps, le Guims aura une boule au ventre qui disparaitra lorsqu’il mettra l’appareil autour de son cou. 

 -        Notre allure et notre équipement attire la curiosité d’une personne mongole qui nous demande où l’on va et d’où l’on vient. Il est avec une bande d’amis et fait du camping au bord du lac mais en voiture. Il nous propose de nous emmener sur l’autre rive. Cela nous arrange et nous évite de revenir en arrière pour traverser le seul pont. On s’entasse alors tous dans une jeep 4x4 avec nos trois sacs à dos. Un gain de temps précieux alors que cette partie du trajet n’est pas très intéressante.   

-        Un matin lors de notre petit déjeuner, deux garçons viennent vers nous avec un sachet et à l’intérieur, il y a du poisson. Ils nous proposent de le manger dans leur ger qui se trouve au bord du lac. Enfin, c’est ce qu’on comprend sur le moment. On se retrouve dans une ger à boire un sutetse en attendant le repas. Assez rapidement et après discussion avec la nomade, on se rend compte qu’on se trouve dans la mauvaise ger. Bon moment de rigolade et à l’heure actuelle, on ne comprend toujours pas ce que voulait réellement les deux garçons.   

-          Le but de ce trekk est de suivre au maximum le bord du lac. Un jour, on marche durant deux heures et on se retrouve devant une palissade où le seul passage est une porte sans cadenas. On n’hésite pas et on continue notre chemin. Un peu plus loin, une personne nous informe qu’on est dans un parc écotourisme où il y a des animaux et qu’il faut qu’on rebrousse chemin. Elle nous dit encore qu’on ne peut couper à travers la forêt car de l’autre côté il y a que des falaises. On rebrousse bien chemin d’environ deux cents mètres jusqu’à ce qu’on nous aperçoive plus. Sous l’impulsion de la Sand et du Jo on coupe en pleine forêt. Le Jo est en tête et soudain il crie « Oh putain, regarde, elle a un cul énorme !!! ». Une biche déboule devant nous. La Sand est complètement paniquée et engueule le Jo, en lui disant la prochaine fois tu nous dis que c’est une biche car elle a tellement eu peur. On continue d’avancer et le Guims ouvre le chemin en s’aidant de la boussole. Soudain, tel un film, le Jo et la Sand paniqués dit au Guims « on est suivi ». Le Guims regarde en arrière et voit une silhouette et trace comme un fou suivi de ses deux compères. Après une course effrénée, on s’arrête sans bruit et on attend. On reprend nos esprits, on discute de la situation et on a peur de se faire virer du parc alors qu’on nous avait interdit de couper dans la forêt. A ce moment-là, on se dit que ce qu’on fait est vraiment stupide et irrespectueux auprès de la faune. On décide alors de retrouver la piste et de sortir par où on est entré.     

-        Un autre jour, on arrive assez tôt au bord du lac et comme l’endroit est magnifique, plage sauvage, on décide d’y camper. Le Guims décide alors de sortir son matériel de pêche et le Jo se rend compte qu’il lui a donné du matos de merde. Le Jo essaie de pêcher pendant que la Sand fait un petit feu car il fait cru. Au bout d’un certain temps, il se décourage et veut arrêter. Là, la Sand regarde le lac et lui propose de continuer car il y a des ronds sur le lac. Soudain, victoire ! Le Jo en l’espace d’un quart d’heure nous rapporte deux ombres de 30 cm. On est heureux car ce soir c’est risotto de poisson. Le Guims tente de pêcher mais sans succès. Comme quoi il y a les bons pêcheurs et les mauvais pêcheurs.   

-        Durant une nuit, un cri d’animal retentit dans la clairière et réveille le Jo et le Guims. Les deux compères en discutent et se demandent quel est cet animal et à quelle distance est-il ? Ils en déduisent que c’est le bramement d’un cerf et qu’il doit être proche de la tente. A ce même moment, le Jo entend les pas d’un animal et un frottement contre la toile de tente. Il est pétrifié de peur, en imaginant que c’est un ours, car il a le reste du poisson dans sa tente. Le Guims le rassure et on se rendort. Le lendemain, sur la plage, on découvre des traces d’un cerf suivi de traces d’un loup.   

-         Pas évident d’avancer en pleine forêt, surtout en Mongolie où il n’y a pas de sentiers. Tantôt on passe sur des troncs d’arbres, tantôt dessous des branches. On se griffe et les mouches et les moustiques ne nous laissent aucun répit. La nature ne nous permet pas d’avancer en ligne droite et cela nous oblige à nous situer uniquement avec la boussole. C’est un véritable parcours du combattant. On arrive au bout de la journée complètement crevés.   

-        Après la forêt, les marais. On se retrouve bloquer un matin après avoir marché 300 mètres par les marais. Après avoir tourné durant une heure, on rebrousse chemin pour retrouver les rives du lac. De là, on suit la plage et on se retrouve bloquer par la rivière. Le Guims veut essayer de traverser en portant les sacs à bras levés mais vu la profondeur cela nous semble impossible. Comme il n’y a pas d’autre passage on décide de repasser par les marais. Soudain, le Jo dit au Guims de regarder un peu plus loin sur le lac et ils observent des petites vagues qui se cassent non loin de là. Il doit avoir possibilité de traverser par là. On remonte les pantalons, on enlève les chaussures et l’un après l’autre on entre dans le lac où l’on suit une bande de sable qui décrit un arc de cercle. Grand moment de joie et de délires.   

-         On a envie d’un bon sutetsè alors on se dirige vers une ger. Là, le Jo découvre l’hospitalité des nomades. Pour la première fois, on mange du poisson sous huile qui est délicieux. Bamber nous propose de dormir chez elle ce qu’on accepte très volontiers pour que le Jo s’imprègne de la vie de nomade. Que de surprises, les enfants nous invitent à monter à cheval ce qui est une première pour le Jo. Comme les chevaux sont fatigués, on va gentiment à la rivière pour les faire boire et on constate qu’il y a du poisson. On décide alors d’aller pêcher avec Kompot, Chimke et Sanserma- Le Jo pêche un poisson trop petit alors il décide de le relâcher. Le Jo doit garder son calme car pêcher avec des enfants n’est pas toujours évidents surtout que Kompot lance des cailloux sur les poissons. Dès le soir venu, on leur donne un coup de main pour regrouper les bêtes autant les yacks, les chèvres et les moutons. Le Jo a même la chance de monter à cru sur un cheval et il a comme mission de ramener les bêtes à la ger. Juste avant notre départ, le Jo reçoit un ustensile allongé en bois. Sur celui-ci est gravé tous les animaux de la région. En le plongeant dans du lait puis en bénissant les quatre points cardinaux, cela nous assurera un bon voyage. Quel beau cadeau de la part de Kompot et le Jo est très ému. Lors de notre retour, ils tiennent à ce qu’on s’arrête à nouveau pour leur dire au revoir. Durant ce petit séjour, on profite de déguster les plats mongols et le Jo changera de nom pour Jimis. 

  -          On se prend une journée pour profiter du bord du lac où on fait nos lessives. On pêche mais sans succès et le Jo et le Guims prennent une douche glacée dans le lac. Dès le lendemain, lorsqu’on range nos affaires un nomade avec son troupeau vient vers nous pour discuter. Il est fasciné par notre carte géographique du lac. Comme il bouge beaucoup du à son troupeau, cette carte pourrait lui servir fortement. On hésite à lui laisser car on a encore de la route. Mais finalement, on la prend en photo au cas où on se perdrait. Il est tellement heureux qu’il nous invite dans sa ger. Comme il ne nous voit pas arriver, il envoie ses enfants nous chercher avec le troupeau de chèvres et de moutons. Lorsqu’on se trouve chez lui, on déjeune un délicieux taraque, des biscuits, de l’orum et des arruls. Sa femme qui est médecin nous prend à chacun notre tension qui est excellente pour les trois. Ensuite, match de foot, séance photos, cadeau pour chacun et on se quitte là.   

-        Sur le chemin du retour, comme promis on s’arrête à la ger de Bamber pour leur dire au revoir. Là, elle nous informe que Khishgee, hé oui c’est bien la même, arrive demain avec des touristes. Avant notre départ au lac, Khishgee nous avait informée qu’elle connaissait une famille nomade mais ne connaissait pas leur campement d’été. Coup de bol, on se trouve exactement dans la bonne famille. Malheureusement, on ne verra pas Khishgee qui arrivera un jour plus tard.   

-        On se retrouve à Ratan à chercher un bus pour rentrer sur Oulan Bator. Le bus public est déjà complet et le suivant n’est que le lendemain. On prend l’option d’aller en bus privé. On se retrouve à 20 personnes dans un bus à 12 places, écrasés les uns contre les autres. Le trajet durera 24h dont quatre pannes, une personne mongole bourrée qui vomira tous les 3km. On s’arrêtera deux fois pour manger et, durant le premier arrêt, on entendra une chèvre se faire égorger. Pour le Jo, c’est une expérience qu’il n’oubliera pas et pour nous le pire trajet en bus qu’on n’ait jamais fait. On arrive à Oulan Bator lessivé mais heureux d’être enfin arrivé et entier. 

Ce trekking aura été une belle expérience de vie à trois. La communication a bien passée malgré les nombreuses difficultés rencontrées. Il nous aura fallu une journée de marche sur la piste contre trois jours en suivant le bord du lac. Même si on a rencontré pas mal de pluie durant ces neuf jours, le lac était toujours bleu azur.  











Naadam








Qu’il fait bon être de retour à Oulan Batar où l’on retrouve notre maison d’Asie. Ce qui a changé, c’est que l’appartement de Khishgee s’est transformé en guesthouse. Comme tout n’est pas tout à fait fini et on passe quatre jours à terminer les travaux. On fait également des allers-retours à l’ambassade de Chine pour l’obtention du visa où l’on rencontre d’autres touristes qui partagent avec nous un bout de leurs voyages (le barbu et la canadienne).

On participe à l’ouverture du Naadam. Au stade, se déroule le défilé représentant l’armée de Gengis Khan apportant ses étendards. On frissonne lors de l’arrivée de cette armée avec ses archers, ses cavaliers qui représente la tactique de guerre de Gengis Khan. Quelques mots du président, des chants lyriques, des défilés de costumes d’époque, des danses, tout un cérémonial pour engager les compétitions sportives. Beaucoup d’applaudissements et d’émotions pour les spectateurs mongols.

On passe le reste de la journée à regarder avec curiosité la lutte, le tir à l’arc et les osselets. Ce qui nous impressionne est la taille des lutteurs, la précision des archers et la concentration des compétiteurs aux osselets. Le lendemain, on participe avec Justine et Quentin (2 logeurs de la guesthouse) aux fameuses courses de chevaux qui se déroulent en dehors de la ville. Ce sont des enfants entre 5 et 8 ans qui montent à cheval, le plus souvent à cru. La course se déroule entre 30 à 40 km en fonction de l’âge des chevaux. On assiste à deux courses où plutôt deux arrivées. Dès l’arrivée du vainqueur, les personnes mongoles touchent la transpiration du cheval et s’en mettent sur le front signe de bonheur durant l’année.

Une fois le Naadam terminé, la guesthouse est quasiment prête. Avec l’aide d’Aimé (maman de Kishigee), d’Ilmo et Houslique (neveux), on fait les finitions esthétiques et pratiques. La Sand apprend à Aimé à faire des œufs au plat, le Guims s’occupe de tout ce qui est électrique et tout est prêt à minuit la veille de l’arrivée de cinq polonais. On a un coup de main de Bata et son mari pour déplacer quelques meubles.

Un moment incroyable nous arrive avec un belge rencontré dans un cybercafé. Alors qu’on cherche un restaurant mongol pas cher, on tombe sur Bayar au travers d’une route. Ce dernier nous accoste en bon anglais et nous propose son aide. On est méfiant car il est en costard et que son chauffeur l’accompagne. Il nous emmène dans un restaurant où l’on mange que du mouton, il passe notre commande et il s’en va en nous laissant sa carte de visite. Quelques minutes plus tard, il réapparait et annule notre commande directement à la cuisine. Comme la Sand n’avait pas envie de manger du mouton, il nous conduit dans un autre restaurant. On consulte la carte qui semble très bien. Là, coup de théâtre, il nous dit « Hey gays, take all that you want, it’s a present for you, it’s my pleasure ». On se regarde les trois ébahis et on se demande où est l’arnaque. On lui dit que c’est la première fois que cela nous arrive, on est surpris par son geste et on veut savoir ce qu’il y a derrière. Là, il nous dit à nouveau, que c’est pour son plaisir. On accepte en prenant une viande à un prix raisonnable. Il nous demande s’il peut boire un verre en notre compagnie et on accepte. Il se lève et revient avec quatre verres de rouge à notre grand étonnement. On déguste ce succulent vin, en mangeant notre repas, tout en discutant avec Bayar. Il est directeur d’une agence de voyages et travaille également dans d’autres domaines. Si un jour on est intéressé, il peut nous trouver du travail et serait prêt à nous engager. Ensuite il nous propose de passer un après-midi au parc du Terelej à faire de la pêche. On est intéressé mais finalement, cela ne se fera pas. On ne comprend pas qu’elles sont les véritables raisons de son geste mais on a passé un très bon moment ensemble. On constate que si un inconnu bien habillé nous aborde en pleine ville, on a de la peine à  rester ouvert car l’intérêt financier nous vient tout de suite à l’esprit.