mercredi 25 mai 2011

Vallee d Orhon











Oulan Bator est une ville en pleine expansion, tres polluee, peu interessante et ou les contrastes entre richesse et pauvrete sont choquants. Les chauffeurs de voiture klaxonnent pour un rien car ils n ont aucune patience. Les pietons n ont aucun droit et s il y a un accident ils seront en general responsable. Les personnes ne font pas attention aux autres que ca soit au marche ou on se fait sans arret bouscule ce qui enerve particulierement le Guims ou dans les cyber cafes ou les jeunes hurlent devant leur jeu d ordinateur. Apres discussion avec Kirghish (amie mongole rencontree sur le site de forum voyages qui est guide et parle le francais), elle nous explique que cela fait seulement 20 ans que le pays est sorti du communisme et que la population profite a l extreme de cette nouvelle liberte qui etait impossible avant.

On passe cinq jours a la capitale ou on essaye d obtenir un visa pour 4 mois mais sans succes. Seul solution, faire 2 mois en Mongolie, ressortir sur la Chine et revenir pour un mois. On fait toutes ces demarches grace a l aide de Kirghish qui nous emmene d administration en administration. Elle nous donne egalement beaucoup d explications sur son pays et son peuple. Les bons moments a Oulan Bator sont les fous-rires avec elle et notre chauffeur de taxi attrite ! C est aussi grace a elle, qu il nous est possible de vivre trois semaines chez une famille nomade qu elle connait.On est heureux de quitter la capiale car tout nous enerve ici !

On prend le bus local a 17h00, on tombe dans les bouchons, on s arrete a plusieurs reprises pour prendre des gens et 2h apres on est toujours dans la capitale. Tout-a-coup, le chauffeur donne son portable au Guims et Kirghish nous informe qu il y a une tempete de neige et qu on ne peut pas sortir de la ville ce soir. Il faut donc qu on dorme sur place ! Ne sachant ou dormir, on demande au chauffeur de dormir dans son bus et il accepte. On se retrouve a dormir a quatre dans son bus. Nuit memorable !

Le lendemain tout content on repart en ne sachant pas ce qui va nous arriver. On a droit a une crevaison du pneu arriere a 100 km/h (ca fou un peu les boules ), ainsi que 30 cm de neige sur la route ou notre chauffeur circule tantot a droit tantot a gauche pour eviter les tas de neige et les camions en panne. Pour finir, il n y a plus de route goudronnee et le bus s embourbe en tentant de traverser une riviere. On se dit qu on ne va jamais y arriver ! Apres 10h de bus, on arrive a Bat Oulzy chez Nemen Jin (chef de la famille nomade) qui loue une demi-maison au village pour la scolarite de ses enfants. Comme il est tard, on dort sur place avec ses derniers tous alignes parterre!  Le lendemain, Maya (frere de Nemen Jin) nous conduit en jeep a la yourte qui se trouve a 50 km du village. En chemin, on s arrete observer des chutes d eau tres connues mais comme il y a longtemps qu il n y a plus plu on voit qu  un petit filet d eau. Apres une heure et demi de jeep, on decouvre le lieu ou on va vivre durant 3 semaines. C est la qu on replonge en enfance au milieu de tous les animaux qui nous entourent. Tzetzegue (epouse de Nemen Jin) et Chimik (soeur de Nemen Jin) nous acceuille avec du Tse (the sale au lait de yack) ainsi qu un repas. L apres-midi passe rapidement a observer les taches de ces deux  nomades. Arrive au soir, de nouveau un souper qui tient au ventre. Depuis notre arrivee au village, on n arrete pas de manger des repas consistants et on n ose pas refuser un deuxieme bol. Meme que la Sand refile tous ces morceaux de gras au Guims car elle ne peut les avaler. Lors de notre premiere nuit, on se retrouve seuls sous la yourte car les filles sont parties en moto pour eloigner un loup et c est la que le Guims en profite pour vomir ces tripes.

Pour que vous compreniez ce qu on a vecu durant 3 semaines, on vous presente une journee type chez les nomades.
- Reveil (6h30), ranger nos lits, boire un tse.
- Liberer les chevaux de leur enclos (les enclos en general servent a proteger les bebes des attaques de loup durant la nuit)
- S occuper des chevres-moutons (liberer les males, donner a chaque chevre son chevreau pour le nourrir car les petits dorment ensemble), puis chasser les meres de l enclos et retenir les bebes pour eviter que ceux-ci ne les suivent dans la plaine, nettoyer l enclos (enlever les poils des barrireres, peller les crottes) et enfin petit dejeuner (tse, yogurth, pain, orum (creme de yack) avec du sucre ou les restes du soir avant).

Bien sur la journee ne s arrete pas la.

- Chercher le troupeau de yack, liberer les bebes yacks car ils dorment ensemble dans un enclos, traire les meres et ensuite les envoyer dans la plaine.
- Retour a la yourte pour preparer le yogurth, l orum et le repas
- Surveiller le troupeau depuis la yourte pour eviter que le troupeau aille dans la foret a cause des loups et si besoin le rechercher pour le ramener dans la vallee. Ceci est une tache de chaque instant dans la journee.


Les apres midis sont varies :
-Chercher de l eau au puits, prendre la laine aux chevres, faire les lessives, couper du bois, faire la sieste, faire des cordes avec la laine de yack, faire le menage dans la yourte, ramasser les crottes de yacks autour de la yourte pour garder l endroit propre, faire des echanges de materiel (cordes-lait) avec les voisins, aider les voisins a demenage leur ger et bien d autre chose selon la saison.

En fin de journee il faut regrouper le betail vers les enclos et rentrer les betes dans un ordre bien precis :
- djidjik yama (bebes chevres), yamas mere et donner a chaque mere son chevreau pour le nourrir
- souper pris rapidement 
- rentrer les bebes yacks dans leur enclos sans leurs meres (taches parfois difficiles car il faut porter les bebes dans l enclos ou leur courrir apres) 
- rentrer les yamas et les huns (chevre et mouton) dans leur enclos
- rentrer les moers (chevaux) dans leur enclos
- preparer nos lits, se laver, manger du yogourth et dodo (21h).

Comme vous pouvez le constater on ne s est pas du tout ennuye. Au debut, on etait des observateurs et apres 2 jours on faisait partie de la famille et on faisait toutes ces taches avec beaucoup de plaisir. On etait comme de vrai nomades et ils nous ont meme donne d autres noms. Le Guims est devenu "Chips" tire de Khingis et la Sand "Toldma".

Voici quelques moments forts:

-Nos estomacs sont mis a rude epreuve car tout ce qu on mange et boit est a base de laitage de yack. La viande est tres riche etant donne que chaque morceau contient du gras. Nos bols sont toujours bien remplis  et au debut on mange tout pour ne pas vexer la cuisiniere. Apres quelques jours ce n est plus possible, nos estomacs vont exploser et le Guims ne veut pas rechuter. La famille a bien compris que pour nous c est un reel changement au niveau de l alimentation alors Tzetzegue n hesite pas a nous faire chauffer de l eau pour du the sans lait ce qu on apprecie enormement. On a beaucoup de chance car Tzetzegue cuisine tres bien et on est surpris comme les repas varient chaque jour avec les meme ingredients.

- Moment tres difficile lorsqu une maman yack met ba et qu une partie de sa matrice sort. C est la 1ere fois qu on entend hurle un animal de souffrance. Avec les moyens du bord, bouteille de pet, corde et etrirer, ils essayent de tout faire rentrer pour eviter qu elle meurt. C est la que nos premieres larmes coulent.

-Journee exceptionnelle et traumatisante ou l on aide a castrer de maniere archaique les bebes yacks, les petites chevres et moutons. Et pour reconnaitre tout ce petit monde, le coupage d oreilles est bien precis. Franchement difficile de voir cela et d entendre leurs cris, surtout pour le Guims qui maintient fermement ces derniers. La Sand les regarde peniblement car ils sont tous immobiles et sans voix. A midi dans les bols, risotto de testicules. Le Guims mange tout et la Sand juste une testicule pour ensuite se faire aider par Nemen Jin.
Dans l apres-midi, castration des jeunes etalons ou quatre adultes munis de cordes sont necessaires pour les maintenir. On ne va pas vous mentir, des larmes ont de nouveau coule en voyant cela. (On apprend de retour a la capitale que pour Nemen Jin, qui procede a la castration, c est un moment difficile mais qu il le fait pour le bien-etre de son troupeau). Pour terminer, percing des nasaux a quatre yacks adultes. Pour le dessert, le Guims goute des testicules de cheval grille et etonnamment il trouve cela bon ! Le lendemain, un bebe chevre est retrouve mort probablement du a la castration et un bebe mouton ne cicatrise pas et a le ventre en sang. La perte de betail fait partie integrante de la vie nomade.

-Durant un apres midi ou le soleil est present, une tempete de neige tombe sur la vallee en un espace temps tres court. Des cet instant tout se precipite : aller chercher en moto le troupeau de chevres et de moutons dans le brouillard sous la tempete, couper du bois pour en avoir suffisamment durant la nuit et pour les jours a venir, ranger les affaires autour de la yourte et regrouper les petits yacks et les chevaux. Quelques jours plus tard, on apprendra que des nomades ont peri dans cette tempete soudaine. 

-Demenagement de la ger pour installer le camp d ete plus bas dans la vallee. On apprend a demonter et remonter une ger ainsi que la fabrication de nouveaux enclos pour le betail. En l espace d une journee tout est fait. Belle journe sous un magnifique soleil.

- Trekk de 2 jours a cheval avec Chimik pour decouvrir la region des huit lacs. Les paysages sont magnifiques tantot on est dans la foret, tantot dans des prairies ou tantot dans des decors volcaniques. Les premieres heures de cheval sont agreables et on fait notre premier galot dans les chemins de foret, que du bonheur ! Comme la Sand n est pas tres sur pour guider son cheval, Chimik tient sa longe comme cela elle peut se concentrer pour trouver une position ou elle est a l aise. Lors d un galot dans une prairie, la Sand sent que son etrier vient de tomber et elle essaye d avertir Chimik qu il faut s arreter sinon... La Sand essaye d arreter son cheval mais il est tenu par Chimik qui va a fond. La Sand hurle de toutes ses forces et Chimik comprend que quelque chose ne va pas et elle s arrete apres 100 metres. La Sand a eu la peur de sa vie et elle ne sait pas comment elle a fait pour rester sur le cheval !
Quelques km plus loin, de nouveau lors d un galot et d un fort coup de vent le Guims et la Sand perdent leurs casquettes, de vrai toursites !!!! gros fous-rires.
Petite pause et repas chez Miga (belle-soeur de Nemin Jin) pour reposer nos muscles mais surtout nos genoux. Quand on descend du cheval on marche comme des canards. Ensuite, on repart pour decouvrir les lacs. 1 heure de galot et de trot ou nos fesses sont mis a rude epreuve et trouve le bon rythme avec le cheval n est pas toujours evident. Le Guims s eclate a galoper dans la plaine ou la sensation de liberte est incroyable mais pour la Sand cette heure de cheval est franchement eprouvante physiquement et elle finit par craquer et en s ecroulant en larmes !
Apres 8 heures de cheval, on est heureux que cette journee se termine. Avant de se coucher, le Guims va avec le voisin mettre les chevaux au paturage. Ce dernier lui demande de monter a cru car l endroit est eloigne. Il monte sur le cheval qui se met au trot et lors de son retour a la ger il a tellement mal a son arriere train qu il demande a la Sand s il peut enfin pleurer.
On passe la nuit au bord d un beau lac sous une pleine lune. Le lendemain, on remonte a cheval pour rentrer  chez Nemen Jin. On est un peu anxieux car on ne sait pas comment nos fesses et nos muscles vont reagir etant donne que les courbatures sont toujours presentes. On rentre gentiment meme si nos chevaux veulent tout le temps partir au trot. En route, la Sand a de plus en plus mal au ventre et a la tete et on decide de s arreter pour se reposer une bonne heure. Apres quelques larmes, une gorgee de vodka et deux doses de medicaments, la Sand est sur pied et prete a repartir !
Quand on apercoit la ger, on donne tout en sachant que c est notre dernier galot meme si on ne sent plus nos jambes. Moment de liberte et de bonheur dans cette vallee!
Ces chevaux sont des betes magnifiques, un simple coup de talon et on part au trot et un cri et on part au galop. Ils sont vifs et ont toujours envie de foncer.
Des notre arrivee, on inspecte nos arrieres train qui nous font souffrir. La Sand a quelques hematomes et le Guims a de la peau en moins du a une selle bas de gamme.
Le soir, la Sand se couche et sent quelque chose dans ses cheveux, et bien oui c est un tic et il est enorme !
Durant ce trekk, on a eu l occasion de visiter d autres ger et on se rend compte des differences de moyens des familles nomades.

- On a envie de faire decouvrir a noitre famille un repas suisse avec les ingredients du coin. La Sand passe la matinee a Bat Oulzy faire les courses (2h de moto) pendant que le Guims deguste de delicieux pane cake chez Nara (belle-soeur de Nemen Jin). Le diner (patates-oeufs) est simple mais reussi alors que notre gateau a la creme se solde par de la pate fris du au manque du four. La famille apprecie meme si ce n est pas un repas consistant pour eux.

-La region ou l on vit durant trois semaines contient une faune tres riche et variee. Vautours, nombreux rapaces, chien de prairies, oiseaux, loups, chevaux sauvages sont effarant a nos yeux. Tout ce petit monde, ainsi que les nomades cohabitent ensemble. Chacun assure l equilibre de cette belle nature. On n a pas vu de loup mais il ne se passe pas une nuit ou ils viennent chercher leurs repas vers les enclos des chevres-moutons. C est a ce moment-la que les chiens entrent en jeu pour les faire fuir. Tot le matin, trois petites chevres ont ete mordues par un loup mais il a fui suite aux cris de Tzetzegue. Deux loups ont voulu attrape un poulain en plein apres-midi et Tzetzegue est de nouveau intervenu pour eviter le pire. C est le seul moment ou on aurait pu en voir mais on etait en trekk a cheval.

-La Sand et le Guims ont vecu la meme experience mais a des moments differents. Un soir, le Guims sort de la ger pour aller faire pipi. En pleine action, trois yacks lui foncent dessus et s arretent a environ 1 metre. Il a deja range le matos par crainte et se prepare a fuir. Un matin, la Sand sort de la ger pour aller faire pipi au milieu du troupeau de yacks. En plein besoin, elle entend derriere elle un bruit. Elle se retourne et c est un yack qui lui fonce dessus. Elle se deplace et le resultat est qu elle est s en met partout. Moralite, les yacks finiront toujours par s arreter mais resterons vers vous quoique vous fassiez en attendant votre precieux liquide contenant du sel.

-La communication se passe tres bien avec la famille. On communique beaucoup par le regard, les gestes ou les dessins. On reussit toujours a se faire comprendre ou a les comprendre. Pour nous aider, on a avec nous un livre avec une liste de mot en francais-mongole et avec cela on fait des bouts de phrases. La langue mongole est difficile au niveau de la prononciation car un mot va signifier quelque chose et si on ajoute une consomme il veut dire autre chose.

On a vecu une experience unique et authentique aupres d un peuple rayonnant de bonheur et respectant la nature. On a appris a vivre de maniere simple sans superflu ou chaque moment est precieux. Cette famille a conscience de l importance de chaque petite chose comme l eau, le bois ou la nourriture et rien n est gaspille. Ils nous ont enseigne une partie de leur savoir ou un simple bout de corde peut servir a bien d autres utilisations.

On remercie Nemen Jin, Tzetzeque, Chimik (poulette), Pouloe pour leur accueil, leur symplicite, leur joie de vivre et tout ce qu ils nous ont fait partage. On fait partie de leur famille et ils sont pret a nous accueillir quand on veut si on decide de devenir nomade. A l heure actuelle ou l on vous ecrit, la question de Nemen Jin est : quand est ce que nous aurons le bonheur de vous revoir ?

2 commentaires:

Barbarossa a dit…

C'est un truc de dingue !!!! Si tout ça n'est pas une leçon de vie et d'humilité en rapport à notre vie en Suisse...

la partie de castration, la découverte des repas aux testicules, la gestion de tous ces animaux, les ballades folles à cheval

Ouah, j'en reste estomaqué.

Je suis content d'avoir de vos nouvelles, on se demandait si tout allait bien pour vous même si vous vous protéger l'un l'autre.

Question vestimentaire, j'adore votre métamorphose et vos nouveaux noms vous vont à merveille.

En pensé avec vos postérieures endoloris, je vous souhaite bonne route pour la suite !

fab a dit…

Salut les zoulous!

Ça fait super plaisir de vous lire et vos photos sont cools!!! Votre récit est très intéressant et je vois que vous n'êtes pas frileux question expérience culinaire!
Pour avoir fait du cheval 7 heures par jour en Chine avec Sophie, on comprend votre douleur! Mais c'est vrai que ces canassons donnent une sensation de liberté extraordinaire. Concernant la vie "simple" de ces peuples, où chaque chose a une importance vitale, elle est tout à fait semblable à la vie d'altitude des peuples Himalayens... Donc je sais d'avance que vous aimerez le Tibet, le Népal et pourquoi pas ne pas pousser jusqu'au Zanskar?!!

Bonne route et soyez prudent!

Fab

PS: Skype à 3 Mongolie-Suisse-Turquie, c'était un autre genre d’expérience, mais plutôt insensé non?!!