jeudi 6 octobre 2011

Trek à la Markha Vallée








On décide pour ce trekk de partir directement depuis Leh afin de sortir de la partie touristique et de découvrir ce qui il y a aux alentours. Très vite on se rend compte d’une certaine pauvreté où les « venez voir, pas cher » des commerçants se transforment en « bonjour » des personnes que l’on croise. On fait ce trekk tous les deux car on sait qu’on trouvera de l’eau tout au long et qu’on peut se ravitailler dans de nombreux villages.

On arrive dans un petit village nommé Stock où l’on trouve une guesthouseavec des personnes chaleureuses pour passer la nuit. On découvre le magnifique monastère avec de petites ruelles et on a le sentiment de se trouver dans un film. Ce village est très beau, tranquille et les contrastes entre les champs d’orge, couleur d’or et la roche des montagnes se marient parfaitement. On se promène tout en observant des hommes qui portent de l’orge sur le dos et des femmes qui posent ce dernier pour qu’il sèche. Une des dames nous fait signe de venir les aider et on se met à la tâche. Le Guims a envie d’aider les hommes à porter l’orge mais ceux-ci lui expliquent que ce n’est pas possible car il n’est pas les habits nécessaires pour faire cela. On passe un bon moment en leur compagnie à échanger de beaux regards et sourires. Elles sont contentes de nous montrer la bonne technique et cela nous rappelle la Mongolie. Elles nous invitent à partager leur quatre heures, sutétsé, yogourth et une pâte très nourrissante à base d’orge. Après avoir terminé tout le champ, on leur dit au revoir, heureux de les avoir aidés et on retourne à la guesthouse. Sur la route du retour, on discute de l’énorme pas qui sépare les moissonneuses batteuses 
commandées par satellite et ces personnes qui le font encore à la main. Il n’y a pas si longtemps, nos grands-parents le faisaient de cette façon…

Les moments forts de ce trekk sont : 

-Durant notre deuxième journée, on cherche pendant trois heures le bon chemin qui conduit au col. Il est difficile de se repérer au milieu de ces montagnes car il y a peu d’indication et que notre carte est peu précise. On monte pour redescendre, on remonte et on redescend pour finalement reprendre le même chemin. On décide cette fois de continuer et de voir où le chemin nous emmène. Après à peu d’énervement, on trouve un bel endroit pour planter la tente où on est protégé de toute chute de rochers. On est juste tous les deux entourés de gazelles du Tibet qui nous observent et de perdrix qui s’amusent entre elles. On est bien mais très fatiguée. Une bonne nuit de sommeil avant d’attaquer le col. 

- Premier col en duo. Pas après pas, on monte très gentiment. On sent le manque d’oxygène dû à une altitude certaine. Après deux heures et demies, on arrive enfin au col à 4900 mètres, fatigué mais heureux d’y être arrivés. La vue est spectaculaire et la luminosité est superbe. On voit les montagnes du Laddak qui sont de couleurs très diverses mauves, vertes, jaunes et blanches. Là, petite photo pour la Bebeth et le Kiki, entouré de la ribambelle de drapeaux de liberté qu’ils nous ont offerts lors de notre départ de Suisse. On décide de la laisselà en souvenir de notre premier col en duo. La descente est pentue mais très belle. Le changement de pression donne un gros mal de tête à la Sand qui va passer avec une bonne nuit de sommeil. Le deuxième col à 4950 mètres se passera sans difficulté.  

-Les villages qu’on traverse ressemblent plus à des hameaux et on ne peut pas se ravitailler comme on l’espérait. Par chance, on peut manger chez l’habitant (homestay) ce qu’on fait. Les repas sont bons mais parfois ils ne tiennent pas du tout au ventre. Ce qui est énervant, c’est que les prix varient du simple au triple selon où on tombe. 

- Sur le chemin, on rencontre Laurent et Fred, deux français. On les croisera à plusieurs reprises durant ce trekk et on finira le reste du trajet avec eux. Laurent est livreur de fleur en Suisse et il passe toutes les semaines à Delémont. On passe pas mal de temps à parler de nourriture jurassienne, ainsi que de la fameuse boulangerie Aubry. Fred, lui, est fromager vers Toulouse où il fabrique les derniers Roqueforts de manière artisanale. On passe notre première soirée avec eux, à déguster du riz, du thon et du dal après deux jours de nouilles. On rencontre aussi Sébastien, un surfeur de Nouvelle-Zélande, qui termine un voyage de huit mois. Il est accompagné deJonas, un petit suisse qui vient de Rapperswilqui est là pour passer de nombreux cols de Leh à Katmandou à vélo. On les croisera aussi à plusieurs reprises mais tous on se retrouvera pour s’entraider lors de la dernière journée de trekk.

-Première rivière où l’on doit traverser à guet. On cherche un endroit où traverser car le courant est fort. Par chance, un guide arrive et traverse en premier. Il revient et nous donne des conseils pour éviter de chuter dans l’eau glacée et en cas de chute de pouvoir s’en sortir. Il est très sympathique. Le Guims se lance et juste avant d’arriver sur l’autre rive, il perd un de ses nus-pieds. Il sort de l’eau, pose le sac très rapidement et court pieds nus après sa chaussure qui file sur le courant. Par chance, cette dernière décide de prendre un courant moins rapide et le Guims la récupère. Ensuite, le Guims retraverse mais cette fois pieds-nus pour aider la Sand à traverser.  Là, à nouveau, le guide nous explique comment traverser à deux ou plusieurs et finalement on fait une chaîne avec son groupe de touristes. Bon moment, quelques peurs pour la Sand et de précieux conseils pour la suite des traversées. On est heureux d’avoir rencontré le guide car notre inexpérience peut parfois nous faire prendre des risques. 

-Après une bonne journée de marche, on trouve enfin un lieu pour camper. Un peu plus tard et par hasard Fred et Laurent nous rejoignent. Le temps est mitigé et on monte assez rapidement les tentes. Il se fait de plus en plus mauvais et on hésite à cuisiner. On se prépare alors un petit thé et pour finir, on décide de cuire l’eau pour les nouilles. Soudain, trois gouttes de pluie, suivies de grêle ce qui fait que tout le monde se trouve très rapidement sous les tentes. Eclairs, coup de tonnerre, grêle, pluie, durant une bonne demi-heure. Lorsque le temps se calme, il fait nuit et l’eau pour les pâtes est remplie de sable du aux éclaboussures du terrain très sableux. Quelques biscuits et on va tous au lit. 

-On est un peu déçu car on pensait sortir des coins touristiques et très vite on remarque que ce n’est pas le cas. Malgré le fait qu'on croise peu de touristes, on sent que ce trekk est populaire. Il y a des places de camping avec des tentes-thé sur tout le chemin. Jusque-là, cela nous pose aucun problème, normal de payer la place de camping. Comme on est en fin de saison, les places de camping avec des tentes-thés sont plus rares. On plante la tente où on peut, parfois sur les places de camping fermées où il n’y a personne pour nous accueillir. Par contre, dès le village venu, toute la population nous demande de payer une nuit de camping. On trouve cela inadmissible car la montagne n’appartient à personne et que nous n’avons jamais lésiné à payer les places de camping officielles. Ce qu’on trouve déplorable c’est que les gens sont prêts à nous courir après pour qu’on paye notre nuit dehors. 

-Enfin, c’est parti pour passer la barre des 5000 mètres. La montée est raide et on ressent à certains moments un peu d’étourdissement. Heureusement, on a passé la nuit au base camp qui se trouve à 4700 mètres pour habituer notre corps. Moment fort lors de notre arrivée au sommet car on a toujours frôlé la barre des 4900 mètres et là, on passe à 5100 mètres. Malheureusement, le brouillard est de mise, il fait froid et on redescend assez rapidement. On est content de nous car notre corps a très bien réagi et on pense déjà à la barre des 6000 mètres. 

-Incroyables moments lors de la descente du col. Tout d’abord, descente très raide sur le flanc de la montagne en compagnie de Fred et Laurent. La vallée commence de se resserrer et on fait une petite pause pour reprendre des forces. Là, Sébastien et Jonas nous rejoignent et on continuera ensemble. Nous y voilà, première traversée de la rivière. Il y a beaucoup d’eau dans la rivière car il a plu et elle s’est transformée en torrent.  Laurent et Jonas lancent des pierres pour faire un chemin à fleur d’eau. Impressionnante traversée sur des cailloux instables. Deuxième traversée, on doit s’agripper à la roche afin d’éviter de traverser la rivière. Troisième traversée, il y a un petit mur qui fait barrage et le Guims et Sébastien pense que c’est possible en sautant. Alors le Guims pose le sac et se lance. Ouf, de justesse, il parvient sur le mur. Jonas et Sébastien saute sur le mur à l’aide du Guims et de Laurent qui font une chaîne humaine pour donner l’élan à celui qui va sauter. Sur la rive, il reste plus que la Sand, qui commence à se déchausser. Sous l’impulsion des mâles, elle décide de faire pareil, sauter le mur (photo à l’appui). La Sand en tremble encore aujourd’hui rien que d’y penser. A partir de ce moment-là, les mâles prennent soin de la Sand pour éviter qu’elle chute dans l’eau glacée. Laurent, qui a les pieds mouillés, s’assurera qu’il n’arrive rien à la Sand durant chaque traversée. Un peu de risque certes mais de supers bons moments où la solidarité est de mise.

On termine la journée sur les rotules à s’imaginer mangeant de délicieux momos au restaurant tibétain de Leh. Notre mission est de trouver un bus pour Leh le soir même mais cela ne sera pas possible. Une nuit de camping et dès le lendemain au soir, on mangera une quantité indécente de momos aux légumeset fromage en compagnie de nos amis. 

Ce trekk nous a fait rencontrer de belles personnes (un surfeur, des PD et un vrai guide suisse) avec qui on a passé de forts bons moments. La cerise sur le gâteau aura été toutes ces superbes marmottes qui ne nous craignaient pas. 


Aucun commentaire: