dimanche 28 août 2011

Les trois blaireaux

C’est notre dernier jour en Mongolie. Le Jo est malade dû à une indigestion de grenouille (schläke) et il a vomit durant toute la nuit. Au matin, la Sand ne se sent pas bien non plus et ces derniers passent la majeure partie de la journée au lit. Le soir venu, Aimée nous prépare un dernier repas mongol et on attend Bata qui va nous conduire à la gare pour 21h. Il est 20h et on refait le monde posé sur les lits. Le Guims demande à la Sand de contrôler si on a les billets. Elle constate que l’heure du départ du train est à 20h et qu’on devrait être dedans.C’estlà que tout s’enchaine.Aimée avertit Bata qui revient très rapidement. Dans la panique, on ferme les sacs en ne sachant pas si on a toutes les affaires. On dit au-revoir à Aimée et aux enfants de manière précipitée. On saute dans la voiture de Bata et son mariqui veulent bien nous conduire à une seconde gare toute proche. En route, on se traite de tous les noms et on ne sait pas comment c’est possible d’avoir loupé le train aussi bêtement. On avait toute la journée pour y penser et aucun de nous trois a contrôlé l’heure sur ces fichus billets. 
 
En route, Bata fait quelques téléphones et nous avertit que le train est déjà loin. Cela nous fait chier mais on ne peut en vouloir qu’à nous-même. Tant pis, on retourne direction la maison de Khishgeependant que Bata continue de faire des téléphones. Arrivés devant l’immeuble, Bata donne le téléphone au Guims. Là, une dame lui explique qu’il est possible de rattraper le train, à une gare qui se trouve à 3h en voiture, mais il ne faut pas tarder. Bata et son mari sont d’accord et on prend cette option.

Dans la voiture, on ressasse cette journée en se demandant encore une fois comment on a pu être aussi con. On se demande si c’est réellement possible de rattraper le train et on réfléchit à un plan B si on le loupe (dormir sur place à la gare, prendre un train le lendemain…).

Après avoir passé les bouchons dans OulanBator, on tombe dans un énorme orage. La pluie et le vent nous empêchent d’avancer rapidement et on roule à environ 15km/h. Une fois l’orage passé, notre chauffeur à tendance à rouler fort, ce qui inquiète le Guims dû à la quantité d’eau sur la route. Le Jo est tout blanc, se cramponne au siège de devant et ne dit aucun mot. La seule phrase qu’il sortira est « si on sort de la route, on est tous mort ». Le Guims le rassure en lui répondant : « si on sort de la route, au moins il n’y a pas d’arbres ! ».  La Sand, elle, fatiguée, ne se rend pas compte du danger. 

Notre vitesse est entre 120 et 140km/h et on surnomme notre chauffeur Schumacher. Tout à coup, on aperçoit le train qui est sur notre droite. On est euphorique et excité de savoir qu’on prend de l’avance sur ce dernier. On le devance de peu etpfffff…..un pneu éclate. On se dit tous que ce n’est pas de chance. On sort de la voiture et le train repasse devant nous. On n’y croit plus mais sous l’impulsion de Schumacher, on se met à l’œuvre.Le Jo et Schumacher enlève le pneu pendant que le Guims regonfle la roue de secours. En huit minutes chrono, le pneu est changé et on repart. La course folle continue.

Durant cette course poursuite, Schumacher évite une belette de justesse et comme il maîtrise sa voiture, on évite de peu la sortie de route. A ce moment-là, on a vu défiler notre vie devant nous ! 

Le Jo cherche du regard le train mais sans succès. Là, on pense que c’est foutu. Soudain, le Jo crie : «  il est là ! » et on n’y croit pas mais il est bien là sous nos yeux. On rattrape le train une nouvelle fois et après plusieurs km on se dit : « facile, c’est gagné ! ». Schumacher, lui, continue de foncer.Soudain, on aperçoit deux énormes trous sur la route qu’il évite brillamment. Le Guims, heureux de ce coup de maître, lui dit : « let’s go Schumacher » et au même moment, on voit un trou sur toute la largeur de la route. Il freine et on ne peut éviter le choc. Là, c’est sûre, un voir deux pneus sont probablement crevés. On s’arrête, on constate les dégâts et on se dit que c’est fini. Le pneu avant est percé et la gente est enfoncée. Par chance, les autres pneus sont en ordre. Schumacher essaie de redresser la gente en tapant dessus avec un grand pied de biche mais rien n’y fait. Pendant ce temps, Bata arrête des voitures pour leur demander de l’aide. C’est là, que le train nous dépasse pour la deuxième fois et là, plus aucun espoir. Tout-à-coup, des personnes sympathiques s’arrêtent et décident de nous prêter  leur petite roue de secours. Le temps de faire le changement de roue, on repart en sachant qu’on est plus qu’à 16 km de la ville.

Bata et Schumacher sont persuadés qu’on aura le train. On roule avec une roue de secours trop petite, voilée et à 130km/h. Le Jo est complètement apeuré et on ne comprend pas pourquoi. C’est là, qu’il nous dit qu’il manque deux boulons où il y a la roue de secours et que la vitesse en Europe, avec une telle roue, est limitée à 80km/h. Le Guimsest également inquiet et fait une prière pour qu’on arrive tous entier à la gare. La Sand, elle, ne se rend toujours pas compte du danger et nous dit d’arrêter de flipper. 

On arrive vers une station d’essence, proche de la ville et on s’arrête. Là, on ne sait pas quelle route prendre pour entrer dans la ville.C’est la première fois qu’on sent un découragement de la part de Bata et Schumacher. Sur ce trajet, on n’a pas aperçu le train et on ne sait pas quelle heure il est  exactement. La chance est avec nous ! La personne qui nous a prêté la roue de secours appelle Bata et nous guide jusqu’à la gare. Sous nos yeux, se trouve le train et on a de la peine à y croire. On sort en trombe de la voiture avec nos sacs à dos. On court vers le train, pendant que Bata crie on ne sait quoi pour que le train reste en gare. Le Guims fait peur à la contrôleuse en tapant fortement contre la porte d’un wagon qui vient de se fermer. On lui montre les billets et elle nous indique qu’on doit entrer trois wagons plus loin. On court jusqu’au bon wagon et on dit au revoir à Bata et Schumacher en les remerciant infiniment et avec beaucoup d’émotions. On monte dans le train en ayant de la peine à imaginer qu’on ait dedans. On est heureux, fatigué, encore stressé et on quitte la Mongolie avec beaucoup de nostalgie. 

Khishgee, grâce à ton aide, à ton accueil et à ta générosité, tu nous as fait découvrir la Mongolie comme on ne l’aurait pas pu l’imaginer. On a vécu des moments merveilleux qui n’auraient pu être si nos chemins ne s’étaient pas croisés. On te remercie de tout cœur pour cela ainsi que ta famille dont Bogna, son copain ainsi qu’Ilmo, Bata et son mari ainsi que les trois reptiles, Aimée et sa grande gentillesse, Zaila et Zemtleng et bien sûre Gana. Chez toi on s’est senti comme à la maison et on ne va pas oublier de sitôt notre maison d’Asie. On souhaite te revoirchez nous et en attendant, bonne continuation avec ta guesthouse.

1 commentaire:

Khishig-Erdene GONCHIG a dit…

Chers amis

je viens de lire avec beaucoup d'emotion, surtout la fin de votre etape pour rattraper le train... Bata et Batja en avaient deja parle, mais, encore une fois, c'est fou comme aventure. heureusement, j'etais absence. Je me demande si je vous aurais permis de le faire... Peur etre, j'aurais vu tout simplement l'heure de depart... Mais, uhne fois que ce fut passe, j'apprecie beaucoup votre courage.
Et merci pour votre coeur qui nous porte, tous, Bataa+Batja=3 reptiles, Buyanaa, ma mere- Emee, Zaya, Zamilan, Naimanjin, Tsetsgee, Chimgee, Dalbaan, Purevee, Ganaa, tous et tous...
Merci pour votre patience de supporter mes reptiles, lol. Merci pour le coup de main pour tout...

On vous aime.
Khishigee